Dans une relation de domination et de soumission, le dominant exerce une situation d’autorité par principe. Toutefois cette situation d’autorité commence par le consentement du soumis, ce consentement est la pierre angulaire de la relation entre un maitre et son esclave.
Que l’acte sexuel soit violent ou doux, douloureux ou simplement humiliant, ou tout à la fois. Quelque soit la nature extrême de l’acte sexuel, le soumis doit avoir à l’esprit son propre consentement, qu’il soit général ou spécifique.
Selon moi, le consentement dans une relation de domination peut se décliner de deux manières ; le consentement général et le consentement spécifique.
Le consentement général est celui qui caractérise l’acceptation de la relation de domination sexuelle en elle-même. Le consentement spécifique caractérise l’acceptation de l’acte sexuel. Lorsque le partenaire soumis se fait fouetté, il consent au fait même d’être fouetté mais également à chaque coup de fouet porté.
Le consentement commence tout d’abord par la conversation précédant un rapport sexuel de domination. Les limites du soumis sont établies préalablement ainsi que ce qu’il pense pouvoir et ne pas pouvoir tolérer de prime abord. De plus, les fantasmes et pratiques qu’aiment le soumis doivent être discutées. En effet les intérêts sexuels du soumis font partie intégrante du processus d’établissement du consentement préalable car ils encouragent le partenaire soumis à l’acceptation des pratiques auxquelles le dominant s’apprête à le soumettre.
Naturellement, il n’est pas nécessaire d’établir une liste exhaustive d’actes auquel le partenaire sera soumis, mais il est important d’aborder les catégories dont ces actes dépendent. Par exemple dans l’hypothèse où le partenaire sera soumis à la douleur, a quel degré cette douleur sera-t-elle tolérée ? Il est donc primordial d’aborder avec le partenaire soumis les limites lui paraissant acceptables.
Lorsque la discussion sur les limites posées par le soumis a lieu, la présomption que le dominant doit avoir est qu’il n’acceptera pas d’aller plus loin que cette dernière. Le respect de cette limite par le dominant témoigne du respect qu’il porte au consentement de son partenaire. Au-delà de cette limite, le consentement explicite du partenaire soumis est nécessaire.
Bien qu’il est vrai que la dynamique même d’une relation de domination ne se prête guère à l’expression explicite du consentement pendant l’acte même, il est pourtant nécessaire si le dominant souhaite repousser les limites préalablement établies, à condition que se consentement puisse se poursuivre dans le temps.
Le consentement doit être valide. Ce qui signifie que la personne qui consent est en état de le faire. La Loi Française est claire, le consentement doit être libre et éclairé. Plusieurs choses peuvent faire obstacle à ce consentement.
Premièrement nul le peut donner son consentement en dessous de l’âge de quinze ans en France. Il est permis d’avoir des relations sexuelles avec un mineur ayant entre quinze et dix-huit ans mais toutefois cette autorisation est conditionnée au fait qu’il n’existe pas une relation d’autorité entre le mineur et le majeur. Cette conception rend les rapports de soumission avec un mineur de plus de quinze ans délicate.
Deuxièmement, nul ne peut consentir de façon libre et éclairée lorsqu’il est sous l’influence de substances telles que l’alcool, la drogue ou tout autre produit ayant des propriétés psychotropes. Si le partenaire soumis n’est pas en état de consentir à signer un contrat pour acheter un bien immobilier, alors il n’est pas en état de consentir sexuellement. Si vous deviez outrepasser ce fait, une cour de justice vous donnerais systématiquement tort.
Il est également de la responsabilité du dominant d’évaluer si un partenaire soumis est raisonnable dans l’évaluation de ses propres limites. Si ce dernier devait donner « carte blanche », il est évident que ses capacités à consentir son obscurcies par son état d’excitation, et que son consentement est donc vicié. Pour cela il faut établir un principe simple, le partenaire soumis doit être capable de consentir de la même manière une fois l’acte sexuel achevé et son état d’excitation passé. Si les partenaires ne se connaissent pas, ou peu, ce consentement dans la durée est virtuellement impossible à obtenir. Il est donc primordial de respecter les limites discutées préalablement et ne pas chercher à les modifier au cours de l’acte tant qu’un rapport de confiance n’existe pas encore entre les deux partenaires.
Il n’est ni éthique ni légal d’obtenir le consentement par la contrainte, menace ou violence. Par définition tout consentement obtenu de cette manière est nul et non avenu, tout rapport suivant peut donc être qualifié de viol. La distinction entre la contrainte et la suggestion n’est pas systématiquement simple à établir. Plus les deux partenaires se connaissent et se font confiance, plus le partenaire dominant saura de quelle façon il peut suggérer à son partenaire soumis de repousser ses propres limites. Les défis, les mises en compétition, l’exigence, peuvent être des aspects excitants d’une relation de domination lorsqu’ils sont exercés avec sagesse. Ils peuvent également être une forme de chantage affectif, être vécu comme une forme de pression, et ce replacé dans la relation de domination peut être vécu comme de la contrainte. Le dominant doit toujours garder à l’esprit que le partenaire soumis doit être à l’aise avec le consentement donné dans le temps, l’obtention du consentement doit résulter d’une réelle volonté de consentir et non d’une intimidation quelconque.
Le chantage et l’hypnose sont d’autres exemples d’obtention viciée du consentement. Par définition même ces pratiques invalident le consentement tant elles sont caractérisées par la contrainte et la perte de facultés de discernement par le partenaire soumis.
Il est un exemple qu’il nous faut aborder également. Il s’agit du jeu de rôle, et plus particulièrement du jeu de rôle où le partenaire soumis prétends n’être pas consentant.
Si par exemple le partenaire soumis exprime le fantasme d’être enlevé, séquestré et violé ; ces infractions pénales constituent des crimes très sérieux et aussi le partenaire dominant risque d’être poursuivi, et ce même sans plainte de la part du partenaire soumis. Un simple passant, un ami inquiet, de la famille, n’importe qui pourrait alerter les services de police. C’est pourquoi la réalisation de ces fantasmes doit être minutieusement pensée à tous les niveaux. Les deux partenaires doivent discuter en amont des détails entourant une telle scène, des limites bien entendu mais également de l’éventualité de la survenance de problèmes. Cette discussion doit être écrite et non ambigüe, la volonté que le fantasme se réalise d’une part, mais aussi que le partenaire dominant en soit l’auteur, doit être explicite.
Il est recommandable d’inclure des personnes de confiance dans la confidence de cette scène, des amis des deux partenaires par exemple. Dans ces cas particuliers le consentement ne doit en aucun cas être obtenu lorsque le partenaire soumis est sous l’influence de quelque substance, lorsqu’il est excité ou bien lorsque le dominant utilise de techniques de persuasion. Le consentement doit être entièrement libre et éclairé.
Les personnes incluses dans la confidence devraient en principe être au courant de l’endroit et du moment où la scène se déroulera. Plus de transparence implique plus de sécurité, juridique comme émotionnelle, pour les deux partenaires. Dans tous les cas il est important que le dominant se renseigne d’un point de vue légal sur ce qu’il peut et ne peut pas faire.
Quelque soit le consentement général donné préalablement à l’acte sexuel de nature dominante, mais cela est également vrai pour quelque relation sexuelle que ce soit, il est révocable à tout moment par le partenaire soumis. Ce consentement peut être révoqué par l’usage d’un « Safe Word ». L’usage de ce « Safe Word » met fin de façon non-ambigüe au consentement du partenaire soumis, tout acte sexuel postérieur à son usage est par conséquent non consenti. Afin de reprendre l’acte sexuel les deux partenaires doivent à nouveau discuter et établir le consentement, un consentement libre et éclairé comme précédemment expliqué.
C’est de la responsabilité du dominant, mais également du soumis, que d’établir un « Safe Word » préalable aux rapports sexuels lorsque les pratiques des partenaires le justifient. A défaut, l’expression conventionnelle de révocation du consentement doit être respecté.
Ce « Safe Word » permet au partenaire soumis d’établir une distinction entre la soumission volontaire, même lorsqu’elle n’est pas plaisante, et le consentement. Même si les limites discutées préalablement par les partenaires n’ont pas été atteinte, et quel que soit le stade ou l’apparente extrémité ou non des pratiques, le soumis dispose d’un droit absolu de révoquer son consentement. Il n’est ni nécessaire de s’en justifier, ou de s’en excuser, car c’est là l’expression de l’intégrité corporelle due à chaque personne.
Si les conditions sont réunies, les partenaires peuvent discuter de nouvelles limites et continuer leurs relations sexuelles.
Toutefois, le consentement ne se limite pas au consentement du partenaire soumis, mais également à celui du partenaire dominant. Bien que la situation lui donne un avantage décisif pour exprimer son consentement et imposer le respect de son intégrité corporelle, il est évident que les mêmes conditions s’appliquent pour apprécier de la validité du consentement du partenaire dominant. A savoir l’absence de violence, contrainte, menace ou intimidation.
Dans une relation de domination, le consentement est primordial. Il établit la confiance entre les partenaires. Le pouvoir dont le partenaire dominant joui sur le partenaire soumis doit être utilisé d’une façon qui concorde avec la confiance accordée par le soumis au dominant. Quel que soit la douleur, l’humiliation qu’il endure, rien n’est plus beau que le consentement qu’un partenaire soumis offre à son partenaire dominant.
Là encore, j’approuve votre démarche. Pour ma part, j’estime que l’établissement d’une bdsmchecklist complète et détaillée est un bon préalable.